La police dans l’œil de Jossot et de Faujour
Du 18 mai à la fin du mois d’août 2024, sera présentée au Musée de l’Histoire Vivante, à Montreuil, une exposition confrontant les caricatures de Jossot, parues dans L’Assiette au Beurre, en 1904, et une sélection de dessins de Faujour, provenant pour l’essentiel du bulletin mensuel Que Fait la Police ?, numéros parus entre 1995 et 2014. Près d’un siècle sépare le travail de ces deux « croqueurs » de flics. Pourtant, en dépit des tenues et des armements très différents, les pratiques policières et les mentalités qui les sous-tendent sont restées quasiment les mêmes.
A l’origine de cette exposition, il y avait la volonté de Maurice de faire éditer un album où seraient réunis tous les dessins réalisés par Loïc Faujour, pour accompagner le bulletin Que Fait la police ?, paru presque sans interruption entre l’automne 1994 et le printemps 2014. La préface rédigée par Maurice, en mars 2020, durant le premier confinement, sera reprise dans le catalogue qui sera édité par les éditions Libertalia, à l’occasion de cette exposition.
Maurice y avait écrit ceci : « L’ironie ravageuse de Loïc Faujour, sous son crayon, ne peut que rappeler les dessins fantastiques de Jossot dans L’Assiette au beurre, au temps où Georges Clémenceau officiait au ministère de l’Intérieur, avec ses splendides caricatures de sergents de ville bourrus ; ainsi ce superbe moustachu, bâton blanc à la main, interpellant un quidam déambulant de façon solitaire, avec cette injonction : « Dispersez-vous ! »
C’est cet extrait de la préface qui a allumé la mèche et a amené le Musée de l’Histoire Vivante et l’Association des Ami.e.s de Maurice Rajsfus à co-organiser cette exposition sous la forme d’une confrontation entre ces deux artistes, particulièrement prolifiques, à partir des archives de Loïc Faujour, de celles de Maurice Rajsfus et des planches de Jossot, issues des tirages originaux de L’Assiette au Beurre.
Le vernissage de l’exposition se déroulera le jeudi 23 mai 2024, à partir de 18 heures.
Musée de l’Histoire Vivante
Parc Montreau – 31, boulevard Théophile Sueur – 93100 Montreuil
https://www.museehistoirevivante.fr
L’exposition sera accompagnée d’un catalogue, publié par les éditions Libertalia, d’un film d’une dizaine de minutes évoquant la genèse de l’exposition et d’un second film de même durée, avec une interview de Loïc Faujour par David Dufresne.
Une rencontre, dont la date n’est pas encore arrêtée, sera organisée par le Musée et l’association, dans le courant du mois de juin, avec la participation des deux précédents.
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Se fédérer, face à l’extrême droite. Il y a urgence.
L’extrême droite est aux portes du pouvoir. Ou peut-être y est-elle déjà tant la porosité de l’idéologie mortifère et des pratiques délétères apparaît de plus en plus évidente dans toute sa brutalité. Au sommet, ce n’est plus même « l’extrême centre » : c’est une droite dure et violente, qui avance au bulldozer et ouvre la voie au RN. Il n’y a pourtant aucune fatalité. Cette extrême droite, il faut la combattre sans relâche, pied à pied. Non seulement en s’y opposant mais en ouvrant des pistes pour des espoirs et des alternatives. La tâche est immense. Mais les analyses et les initiatives ne manquent pas. Enquêtes, ripostes, actions, mobilisations : on n’en reviendrait pas de tout ce qui se mène un peu partout pour documenter et combattre l’autoritarisme, l’extrême droite et la menace fasciste. En prenant l’initiative de Ripostes, nous ne prétendons donc pas créer une nouvelle organisation : associations, collectifs, mouvements, partis, syndicats, mais aussi médias indépendants, maisons d’édition, autrices et auteurs, militantes et militants, accomplissent d’ores et déjà un travail tenace et efficace, remarquable par bien des aspects – et souvent salutaire. Ce qui nous manque, c’est un réseau pour relayer les informations, les mettre en partage et en commun, faire connaître ce qui se fait ici et là. Qu’on s’imagine : une revue de presse, un site pour diffuser largement articles, livres, enquêtes, initiatives à l’agenda. Notre force collective en serait décuplée. C’est ce que nous proposons avec Ripostes. Nous avons bien conscience qu’il y a des divergences mais surtout une certaine autonomie revendiquée et légitime au sein de chaque collectif. Cela ne doit pas empêcher, bien au contraire, une perspective unitaire. Voilà l’ambition de Ripostes : lancer un site et un réseau pour partager tout ce qui nous lie et nous unit dans le combat antifasciste. En somme : fédérer. Il y a urgence – et nécessité.
Les initiatrices et initiateurs de Ripostes
En début d’année l’association Au nom de la Mémoire, l’association des Ami.e.s de Maurice Rajsfus et quelques militantes et militants ont pris l’initiative d’un appel pour la création d’une coordination antifasciste.
Une première apparition de ce collectif a eu lieu le 1er mai et un site dédié est désormais en ligne : www.ripostes.org
Voici le texte de cet appel :
Créer les conditions d’une riposte large à la montée du fascisme
Allons-nous encore longtemps regarder croître et déborder, avec effarement et comme paralysé.es, le fleuve nauséabond alimenté par les marchands de haine ? Allons-nous continuer de nous contenter de pétitions, sans lendemain, contre la montée de l’extrême droite et la banalisation insupportable des discours d’exclusion et de haine au quotidien ?
Allons-nous, comme dans les années 1930 laisser doucement l’intolérance et le rejet de l’autre s’emparer des esprits ?
Nous sommes suffisamment avertis depuis l’affaire Dreyfus jusqu’à l’arrivée des nazis au pouvoir, après l’incendie du Reichstag le 27 février 1933, des conséquences dramatiques du silence de la plupart des responsables politiques pour enfin organiser un sursaut àl’image des protestations massives des populations allemandes qui viennent de se dérouler dans les différents Länder contre le fascisme.
Il devient désormais urgent de défendre et faire connaître, par le biais d’une large coordination, toutes les initiatives possibles et imaginables pour faire reculer de manière significative les idées et les projets de l’extrême droite et d’une droite qui n’hésite plus àprésenter son vrai visage.
Il devient désormais urgent de penser et d’œuvrer collectivement à une riposte antifasciste qui s’oppose aux discours et aux actes racistes et d’exclusion, qui vienne dénoncer les fausses informations, les faux semblants, les fondements idéologiques de cette extrême droite.
C’est la raison pour laquelle nous appelons à organiser – dès que possible – des Assises antifascistes au plan national qui auront pour premier objectif la rédaction d’une plateforme commune, outil mobilisateur destiné à mutualiser, à faire connaître et à démultiplier les actions des collectifs, associations, syndicats, médias alternatifs qui, en se fédérant, contribueront à faire pièce à la marée brune qui menace de nous submerger.
Il s’agit de créer, avec toutes celles et tous ceux qui s’en empareront, un réseau antifasciste et anti autoritaire sur l’ensemble du territoire, dont ces premières Assises détermineront également la forme, le nom, les modes de fonctionnement démocratiques, les différents canaux d’expression et la recherche de moyens financiers destinés à le faire vivre.
Un réseau qui aura vocation à se développer dans les quartiers, dans les entreprises, dans les lycées et les facs.
Un réseau pluriel et multiforme, une présence citoyenne critique et consciente du danger imminent, à travers toutes les formes d’expression possibles et imaginables pour défendre, becs et ongles, les idées de partage, de solidarité et d’égalité des droits.
Avec un objectif commun : barrer la route à l’extrême droite et aux droites imprégnées par les mêmes idées brunes, par tous les moyens légaux à notre disposition ainsi que, le cas échéant, ceux de la désobéissance civile.
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