Lettre d’information #19. JUILLET / AOÛT 2024

Un outil au service de l’antifascisme (*)

Introuvable en librairie depuis une quinzaine d’années, le recueil d’articles de Maurice, intitulé En gros et en détail, Le Pen au quotidien 1987-1997, était paru initialement aux éditions Paris-Méditerranée en 1998. Nous le mettons de nouveau à disposition, dans un format numérique, téléchargeable gratuitement, dans le cadre de la Collection Maurice Rajsfus développée en coédition avec les éditions du Détour (*). 

Pour celles et ceux qui s’interrogent sur les racines et l’AD-Haine du F-Haine devenu R-Haine, il y a du grain à moudre dans ces différentes chroniques, ces articles ou ces éditoriaux parus, pour la plupart, dans le mensuel Ras lFront, organe de presse du réseau antifasciste du même nom, créé en 1990 et dont Maurice fut le président durant plusieurs années. 

Il n’est qu’à lire l’extrait suivant de l’introduction de l’édition d’origine, pour saisir, malheureusement, à 25 ans de distance, l’actualité de ces écrits antifascistes :

« En 1998, le Front national est, plus quune menace, un danger immédiat. Même sil ne dispose pas encore dune masse militante significative, le parti de Jean-Marie Le Pen voit son idéologie circuler sans la moindre difficulté. Le Front national fait désormais partie du paysage politique et cette situation paraît naturelle au plus grand nombre. Peu importe que ce parti se revendique de la démocratie avec un projet non dissimuléde la supprimer. Le Font national est toléré, sinon accepté, par lopinion publique. »

Certes, la secousse du 21 avril 2002 n’était pas encore advenue et encore moins celles des seconds tours des élections présidentielles de 2017 et 2022 et l’irruption de 89 député.es bruns au Palais Bourbon, en juin de cette même année. Cependant, le remplacement de Front par Rassemblement et la disparition du père au profit de la fille, ne changent en rien les analyses historiques. Seuls les diagnostics politiques et sociaux se sont aggravés, après 25 années de contre-réformes libérales, fauteuses de précarisation et de misère, terreau sur lequel les postures xénophobes et les discours de rejet et d’exclusion prospèrent. A tel point que nombre des obsessions de cette engeance fascisante, comme le délire de la submersion migratoire, ont désormais pénétré profondément dans de nombreux secteurs de la société et sont reprises, sans filtre, par de prétendus journalistes qui paradent dans les médias contrôlés, entre autres, par le milliardaire Bolloré. A tel point également que la droite classique, L.R. en tête, et la droite actuellement au pouvoir courent après les idées fixes de l’extrême droite par effet de conviction ou par calcul particulièrement mortifère. Une course où, à la fin, aucun de ces apprentis sorciers ne sortira vainqueur.

Certes, la pseudo normalisation du F-Haine, devenu R-Haine, a également entraîné le développement de courants néo fascistes plus radicaux qui rejettent la « tiédeur » de la maison-mère, comme l’ont montré la campagne du dénommé Zemmour et les 7 % de suffrages exprimés, obtenus lors des présidentielles de 2022. Courant d’extrême droite qui a rallié à lui, le temps de cette campagne, les groupes néo nazis, royalistes, suprémacistes et antisémites les plus divers, pour assurer les collages, la sécurité des meetings et faire le coup de poing, si nécessaire, comme à Villepinte. Ce sont ces groupes radicaux, qui se comptent aujourd’hui par dizaines, qui font régner la terreur dans certains quartiers comme à Lyon et d’autres grandes villes, ainsi que dans un certain nombre d’universités. 

Ce développement de groupes qui prospèrent sur la nostalgie du fascisme et du nazisme ne peut que renforcer notre volonté d’en dénoncer les méfaits et les liens maintenus, quoi qu’en dise la maison-mère, avec le F-Haine devenu R-Haine.

Pour toutes celles et tous ceux qui n’entendent pas se laisser abuser par une dédiabolisation de façade du lepénisme et par une respectabilité en trompe-l’œil, acquise à l’Assemblée nationale avec la complicité de la macronie, ces écrits les éclaireront sur l’héritage clairement fascisant de ce parti qui roule pour une ambition personnelle. Hier, celle du père ; aujourd’hui, celle de la fille.

Face au danger de cette marée brune qui ne cesse de monter, il nous est apparu nécessaire de mettre àdisposition ces écrits qui révèlent le véritable visage du lepénisme, hier comme aujourd’hui : celui de la barbarie. 

Lisez-les et faites-les circuler !

Philippe Rajsfus, Janvier 2024

(*) Postface de l’édition numérique.

Cette édition numérique est augmentée d’une préface inédite, rédigée par Ugo Palheta. Nous l’en remercions vivement. Merci également à Loïc Faujour pour l’illustration de couverture.

Le fichier est à télécharger ici 

Prolongation de l’exposition / La police dans l’œil de Jossot et de Faujour

Excellente nouvelle pour toutes celles et tous ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion de se déplacer au Musée de l’Histoire vivante, à Montreuil. La confrontation entre le caricaturiste de LAssiette au Beurre, Jossot, et le dessinateur de presse, Faujour, se poursuit jusqu’à l’automne. L’Association des Ami.e.s de Maurice organisera plusieurs visites de l’exposition en septembre et en octobre. Une journée d’études sera organisée au musée fin septembre/début octobre. Nous y reviendrons avec plus de détails et des dates précises, dans la Lettre d’infos de la rentrée.

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